Au tout début, les magiciens faisaient volontiers appel aux tables couvertes de draperies. Un assistant s'y tenait souvent caché et, afin de faciliter le miracle, passait ses mains par des trous pratiqués dans l'étoffe. Des illusions utilisant les dernières découvertes de l'optique, de la chimie ou de la mécanique se développèrent au fur et à mesure qu'apparaissaient boîtes, tubes et étuis perfectionnés. Mais ce qui a toujours assuré le succès du magicien à travers les âges, beaucoup plus que les trucs utilisés, c'est sa personnalité et ses dons d'acteur. Les tours ne sont que le soutien du comédien habile à amuser son auditoire, même si ce dernier en connaît les effets et en devine les causes. C'est la manière de présenter les tours qui donne l'illusion de la magie et permet qu'on s'amuse à être dupé.
En 1920, le magicien anglais Selbit, dont le vrai nom était Percy Tibbles, étonna ses spectateurs avec une grande illusion où il sciait par le milieu une jeune femme enfermée dans une caisse, séparant les morceaux de la caisse pour montrer qu'elle avait bien été coupée. Puis, il les réunissait à nouveau. L'enthousiasme fut immense: tout le monde voulut voir cette illusion. La publicité faite dans les journaux fut telle que Selbit eut à ce moment-là jusqu'à neuf compagnies présentant le tour de « la femme coupée en deux » dans tous les théâtres. Il inventa nombre d'illusions qui furent largement exploitées par d'autres magiciens.
Un autre grand illusionniste, Horace Goldin, mit au point au cours de ses représentations à New York une autre méthode pour scier une femme en deux. Dans la version de Goldin, au lieu d'être enfermée complètement dans une caisse, la jeune fille restait partiellement visible tout au long du numéro, car ses mains, ses pieds et sa tête sortaient par des trous pratiqués aux extrémités de la caisse. En 1924, Goldin avait six compagnies faisant la tournée des théâtres américains, sciant caisses et jeunes filles aussi souvent que le public l'exigeait et tant que des billets pouvaient être vendus... A ses débuts, Goldin ne s'était intéressé à la magie que pour amuser ses amis et ses clients, mais il était vite devenu fort connu en Angleterre (où il résidait) et en Europe où il avait fait quelques tournées. Il lança son numéro de la femme sciée en faisant circuler en ville des ambulances publicitaires et en postant des infirmières et des brancardiers dans le hall d'entrée des théâtres... «au cas où la scie glisserait !». Quand l'intérêt du public se mit à faiblir, Goldin supprima la caisse et se mit à scier la jeune fille sur une table avec une scie circulaire à moteur.
Parmi les versions modernes et bien plus transportables de vieilles illusions, se trouvent de nouveaux grands trucs stupéfiants, citons par exemple celui de l'anglais Robert Harbin : « la femme zig-zag ». Une jeune fille placée dans une armoire très étroite est découpée en trois morceaux par de grandes lames d'acier, et l'on voit le centre de son corps se déplacer sur le côté, se séparant de sa tête et ses pieds. La magie a de tous temps existé et il y aura des magiciens aussi longtemps qu'il y aura des hommes pour s'amuser de leur surprise.