Si par hasard, il ne peut sortir d'un mauvais pas, un magicien doit toujours terminer son expérience d'une façon nette, même s'il le faut sans rime ni raison : le public ne comprendra rien à ce qui vient de lui être présenté, il pourra même s'étonner du décousu de l'expérience, le principal étant qu'il n'y a pas lieu de lui annoncer une erreur... l'honneur est sauf et il suffira de se rattraper au tour suivant ! En revanche, il n'y a aucun inconvénient, bien au contraire, à faire connaître le but du tour lorsque sa phase essentielle est accomplie, et quand la réussite est certaine, puisque le tour est déjà fait. C'est aussi pour que la vigilance ne s'exerce pas prématurément que l'on ne fera jamais remarquer explicitement au public qu'une main ou qu'une boîte est vide : ce serait lui faire supposer qu'elle ne le sera pas toujours. Vous lui laisserez simplement constater incidemment que la main est libre ou qu'il n'y a rien dans la boîte.
Une excellente pratique, très apte à dérouter le jugement du public, consiste à laisser attribuer à l'adresse pure ce qui est le résultat d'une action mécanique ou d'une combinaison mathématique. Un corollaire de ce principe est qu'il ne faut pas recommencer un tour, à moins de l'exécuter à l'aide d'un subterfuge différent. Si les spectateurs le redemandent, c'est le plus souvent dans l'intention d'en saisir le mécanisme. Ajoutons que, outre le fait d'amuser vos amis et de leur faire passer d'agréables moments, la pratique de la prestidigitation vous donnera l'habitude de parler devant un public, de réfléchir, de garder le contrôle de vos gestes et la maîtrise de vous-même. Toutes qualités non négligeables...
La maîtrise de soi passe par la conscience de soi, c'est‑à‑dire de son corps, de sa voix, de son « centre », telle est la première tâche qui permettra de libérer l'expression et la créativité. Le magicien doit d'abord apprendre à se détendre, à être conscient de son corps et de sa tenue corporelle. Ce sont les premiers pas dans la conscience du corps qui nous permettront ensuite d'être conscients de nos attitudes, de nos mouvements, afin de pouvoir présenter des spectacles de magie en utilisant au mieux nos capacités corporelles. La conscience de la voix est étroitement liée à la conscience du corps. Nous touchons ici aux exercices classiques d'action et d'articulation, mais également aux résonances de la voix. Le magicien doit harmoniser son énergie et vivre intérieurement son personnage, il doit se concentrer à la fois sur la parole et sur les mouvements qu'il doit exécuter. L'apprentissage de la magie développe donc la conscience du corps, la conscience de la voix, la conscience de l'énergie et la conscience des autres. On y développe aussi l'imagination, la mémoire, la dextérité et la compréhension de certaines lois physiques et naturelles. La formation du magicien est un travail de longue haleine, un perfectionnement sans terme et une maîtrise de soi perpétuelle.