48: Du nouveau

La plupart des magiciens débutants éprouvent un besoin insatiable, un penchant irrésistible de toujours vouloir faire quelque chose de nouveau. Le prétexte généralement utilisé comme excuse, est que se présentant toujours devant un cercle limité (famille et d'amis), de nouveaux tours sont nécessaires afin de ne pas trop se répéter.

Dans une certaine mesure, il est évidemment désirable d'ajouter de nouvelles présentations à votre répertoire. Malheureusement, ce désir de quelque chose de nouveau, dissimule trop souvent le désir de faire des tours, des tours et encore des tours, non pas pour distraire les spectateurs, mais pour l'amusement du magicien lui-même et pour la seule satisfaction de sa curiosité.

Au lieu de chercher à apprendre un grand nombre de tours, il serait préférable de concentrer vos efforts sur quelques bons tours et de les travailler de manière à ce que leur technique et leur présentation soient si excellentes, que ceux qui y assisteront vous demanderont de les répéter. Le débutant dans la magie ne se rend pas toujours compte s'il peut exécuter un tour à la perfection, son propre cercle d'amis, loin de s'en fatiguer, lui demandera de le refaire encore et encore.

L'une des raisons pour lesquelles des tours sont parfois considérés comme défavorables est que le débutant présente un tour qu'il n'exécute pas bien, et c'est alors qu'il fatigue ceux auxquels il inflige le spectacle de ses truquages mal répétés. Le professionnel qui doit satisfaire ses spectateurs, s'il désire survivre, ne cherche pas à toujours présenter de nouveaux tours. Il possède un répertoire dont il se sert comme cadre à son numéro et, de temps à autre, il y incorpore une nouveauté... Mais il conserve toujours un ensemble stable, harmonieux, et bien équilibré.

Un français du nom de Riquet, ne présentait que 10 tours. Il a parcouru le monde pendant plusieurs années avec la même routine. Son adresse et sa présentation bien personnelle de tours qui n'étaient pourtant pas nouveaux, étaient tellement bien travaillées, que personne ne se fatiguait de ses tours. C'est la même chose pour les amateurs de musique classique, personne ne se fatigue d'entendre plusieurs fois, un grand violoniste interpréter une oeuvre classique des temps jadis !

On ne devra pas conclure que les professionnels ne peuvent exécuter que quelques tours et toujours les mêmes. En réalité ils peuvent en exécuter un grand nombre, mais dans leur répertoire, ils n'introduisent que les tours qu'ils réussissent à la perfection. Le magicien occasionnel fera bien de se conformer à ce modèle. Il s'apercevra que c'est seulement lorsque son cercle d'amis lui demandera qu'il répète de nouveau ses tours, qu'il sentira une certitude de progrès dans l'étude des habiletés qui l'intéressent.
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