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Visite à Tokyopar Grégoire FROMONT |
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Passionnés de Tenyo, bonjour !
Je m'appelle Grégoire FROMONT, je vis en Bretagne (la région la plus à l'ouest de la France), je suis marionnettiste professionnel et passionné par la magie depuis bien longtemps... J'ai commencé à m'intéresser aux tours Tenyo il y a maintenant une vingtaine d'années, lorsque l'on trouvait ces petits appareils dans certains magasins de farces et attrapes. A l'époque je n'en faisais pas encore collection et je regrette amèrement de ne pas avoir acquis tous ces petits miracles aujourd'hui introuvables.
J'ai rencontré Michel GRENIER lors d'un voyage à Montréal. Notre intérêt commun pour les ingénieuses créations de Tenyo nous a amené à collaborer sur ce site en français. En février 2000, j'ai eu la chance de me rendre à Tokyo et comme vous vous en doutez, j'avais en tête de compléter ma collection de tours et de me rendre chez Tenyo...
Voici donc en quelques lignes le récit de mes aventures à Tokyo (du moins celles concernant Tenyo !) :
Tout d'abord, essayer de m'orienter dans la mégalopole... Le gigantisme de Tokyo, la complexité de ce labyrinthe de ruelles, de blocs, de quartiers et d'avenues, l'absence d'indications pour un non japonophone et le joyeux mélange des numéros parfois accrochés aux façades ont de quoi perdre le pauvre touriste ! 145, 33, 56, 124, 125, 126, 5, 111... les numéros se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Les japonais eux-même ont bien du mal à s'y retrouver. J'étais dans le bon quartier, je le savais, je le sentais. Et soudain... (suspens)... un immeuble carrelé de gris aux arrêtes vives et surmonté d'un cylindre marqué d'un nom familier : Tenyo. Oui, vous avez bien lu, pas un obscure idéogramme, mais bien en toutes lettres : Tenyo.
Une plaque discrète à l'entrée de la tour confirmait la bonne adresse. Je pénétrais dans un vestibule sobrement décoré. En face de moi, accroché au mur, se trouvait un foulard décoré d'un lapin sortant d'un chapeau, dessous on pouvait lire : «LA MAGIE – Hermès Paris » (quel exotisme !). A côté, une statue représentant un enfant, un chaton sur l'épaule, tenait un véritable aquarium entre ses mains, bonjour les poissons rouges ! A droite, une porte d'ascenseur.
À l'étage, l'ascenseur s'ouvrit sur un grand espace où quelques étagères ajourées faisaient office de cloisons entre les bureaux. Partout, c'était un véritable capharnaüm de dossiers, catalogues, jouets, puzzles, tours de magie en devenir. Une petite dizaine de personnes étaient au travail. Une jeune femme vint m'accueillir, avant de me conduire vers Monsieur Hideo KATO, créateur de célèbres tours comme « Match-Sticks », « Infinitum », «Melting Loop », « The Wandering Hole »... Bref, un grand de la maison Tenyo !
Le message qu'Angelo CARBONE m'avait demandé de transmettre me servit de carte de visite et de « sésame ouvre-toi », mais j'avais peur de déranger Ideo KATO dans son travail (ciseaux en mains, il travaillait sur un étui de cartes au tarot un peu spécial... mais chuttt !), aussi lui dis-je simplement ma passion pour les productions de Tenyo et mon désir de compléter ma collection. Il me proposa de visiter leur « showroom » et je le suivis à l'étage supérieur. La salle était claire et agréable, des étagères disposées le long des murs présentaient les dernières créations magiques, mais aussi des casse-têtes et des gadgets surprenants. Il attira mon attention sur les deux cd-roms de magie récemment sortis et dont une version en anglais était en préparation. Il y avait aussi une incroyable collection de tirelires Tenyo : les « Dracula Bank » de Mark SETTEDUCATI, la « Micro Magic Bank » de Turu SUZUKI, toutes les versions du tout nouveau « Magic Spinner », les « Magic Bank » aux dizaines décors différents et séries spéciales (dont une « Art Bank » éditée à l'occasion du congrès FISM de Lausanne en 1991) et de curieux petits cubes ressemblant à la « Magic Bank » mais comportant deux fenêtres par lesquelles ont pouvait voir le décor intérieur changer, selon la fenêtre par laquelle on le regardait. Hideo KATO me parla également des adaptations de tours dont il était en charge : certaines anciennes créations de Tenyo trouvent parfois une seconde jeunesse en passant entre ses mains et sont déclinées dans de nouvelles versions pour Disney, Mc Donald's, MB... Je lui demandais s'il existait une liste de tous les tours créés par Tenyo depuis l'origine, à quoi il me répondit qu'il n'y en avait pas vraiment, mais qu'il tenterait d'en établir une pour ma prochaine visite. Il me permis toutefois de feuilleter de vieux catalogues sortis pour moi des archives et j'y trouvais matière à m'émerveiller. Imaginez la joie du collectionneur : non seulement je tenais entre mes mains d'authentiques reliques, mais je pu également recueillir quelques informations rares sur les plus anciens tours. Monsieur KATO m'avait laissé étudier en paix, mais l'heure de la fermeture approchait et il revint vers moi, les bras chargés d'une boîte en carton. D'après ma liste, il avait eu la gentillesse de rassembler quelques articles récents manquant à ma collection, dont certains tours fabriqués uniquement pour le marché japonais. Il m'informa que malheureusement il n'avait plus aucun tour ancien et qu'il me faudrait chercher dans les boutiques, les « magic corners » des grands magasins ou à Disneyland... Lorsque je quittais Monsieur KATO, la nuit était tombée et le froid me poussait à vive allure vers le métro lointain.
Rejoindre Disneyland depuis le centre de Tokyo nécessita près d'une heure trente de métro et de train. Mais le petit voyage en valait la peine ! Non pour le parc lui-même qui ressemblait à tous les Disneyland, mais pour sa petite boutique de magie et de puzzles. Presque tous les articles que l'on y vendait étaient des créations Tenyo : la plupart des tours classiques de la collection, mais aussi des éditions spéciales introuvables hors du parc (imaginez la razzia du collectionneur !). Je me présentais au sympathique magicien-démonstrateur et le maître des lieux se mit en devoir de m'étonner des derniers effets maison... un billet de banque en lévitation qui se met à tournoyer, quelques tours de cartes, une transposition de cubes à l'effigie de Mickey...
Puis, mon hôte eut la gentillesse de me donner une représentation spéciale de son spectacle aquatique (une attraction présentée habituellement à heures fixes : 14, 16 et 18H). C'était là un petit miracle pour les yeux, si je me souviens bien il s'agissait d'une invention canadienne. Les rideaux d'un petit théâtre s'ouvrirent sur une fontaine où trois filets d'eau se déversaient dans un vase-boule. Plus l'eau descendait vers le vase, plus elle semblait ralentir sa course et se décomposer en grosses gouttes ressemblant à des perles. Ces billes d'eau tombaient dans le vase, les unes après les autres, comme un chapelet que l'on égrainerait au ralenti. Le magicien interposa un verre qui se remplit d'une eau tout à fait ordinaire. Puis, les gouttes se figèrent, immobiles, suspendues un instant, avant que le flux ne s'inverse. Cette fois, les gouttes donnaient l'impression de sortir du vase pour s'élever dans les airs et disparaître dans les orifices qui les avaient vues naître peu de temps avant. C'était vraiment une illusion superbe et surprenante !
Tout en visitant la ville, je continuais à chercher les tours qui manquaient à ma collection, espérant tomber sur des fins de stock, seul espoir de dénicher d'anciennes références. Ainsi, je visitais tous les « Magic Corners Tenyo » que compte Tokyo et les autres rayons magiques des « Depatos » (grands magasins). Les « Magic Corners » sont de petits stands, le plus souvent situés au milieu des jouets, où un démonstrateur Tenyo propose les tours du catalogue de l'année. Outre les effets de close-up qui sont également vendus un peu partout dans le monde, on y trouve des créations ou des rééditions destinées au marché japonais et un peu de matériel de scène de très belle qualité.
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Les magasins de jouets, de gadgets et certaines boutiques pour touristes proposent également une sélection de quelques tours Tenyo (dans les allées commerçantes du métro, ou en bas de la Tokyo Tower, par exemple). Enfin, il faut signaler que la duty free shop de l'aéroport de Narita est l'un des meilleurs ambassadeurs de Tenyo, bien qu'on n'y trouve pas un très grand choix (du moins à l'époque de mon passage), il semble que ce soit l'un des endroits les plus « vendeur »...
Curieusement, les quelques magasins de magie de la métropole ne proposent pas d'article Tenyo. Si vous passez par Tokyo, voici une petite liste de magasins qui vendent les productions Tenyo :
Quartier Ikebukuro : Magasins Seibu et Tobu.
Quartier Shibuya : Magasins Parco, Seibu, Tokyu Hands.
Quartier Haraju-ku : Magasin de jouets Kiddyland.
Quartier Shinju-ku : Magasin Tokyu Hands.
Quartier Ginza : Magasin de jouets Toy Park...
Lors de ma seconde visite chez Tenyo, Monsieur KATO était absent et c'est Tomoyuki SHIMOMURA qui m'accueillit. Monsieur SHIMOMURA, le génial inventeur de tours comme “Wild Wallet”, “Eye of the Idol”, “Nostradamus Clock” ou “Lucky Rabbit” fait partie de la nouvelle génération de créateurs Tenyo.
Tomoyuki SHIMOMURA m'avait préparé la fameuse liste que j'attendais tant... Hélas, cette liste n'était pas complète et personne ne semblait connaître les tours manquants. Plus on remontait dans le temps, plus il y avait d'incertitudes. Lorsque Monsieur SHIMOMURA me conduisit ensuite devant une grande vitrine contenant les plus anciens tours de leur collection, je constatais que là encore, il y avait des manques. A ma grande surprise, il me dit que même Tenyo n'avait pas la totalité des articles produits. Ils étaient eux aussi à la recherche de certains tours. Par exemple, il avait rapporté ce « Sutekina Trick » d'Allemagne... Que de raretés dans cette vitrine ! Il y avait là un éventail datant de 1935, un anneau qui se libère d'une clef, un dé qui s'évade d'un cadre : autant de précieux tours d'une époque où le plastique n'était pas encore utilisé.
Il y avait aussi un « Penetro Coin » de 1956, un « Cubio » et un « Mystic Ruby » de 1968. On y trouvait bien entendu la plupart des tours produits depuis les années 80, ainsi que la série complète des adaptations créés récemment pour Disneyland.
Monsieur SHIMOMURA me consacra ensuite un peu de temps, répondant à mes questions, me procurant quelques notices en anglais pour certains tours achetés au Japon, me présentant quelques effets utilisant son nouveau “Wild Wallet” en cuir... Il s'agit vraiment d'un accessoire polyvalent et de grande qualité : un classique !
Avant de me laisser repartir, il m'offrit un petit tour de mentalisme réalisable par téléphone qui en étonnera plus d'un à mon retour en France...
Je ne regrette vraiment pas ce petit voyage à Tokyo, d'autant que la ville est surprenante, attachante et extravagante. J'y ai croisé une population aimable, serviable et souriante. Je garde en particulier un très bon souvenir de Hideo KATO et Tomoyuki SHIMOMURA qui ont eu la gentillesse de m'ouvrir exceptionnellement les portes de leur entreprise et qui m'ont accueilli si gentiment...
France, novembre 2000
Grégoire FROMONT